L’on ne saurait argumenter sur le sujet sans au préalable nous investir dans un débat terminologique. A notre humble avis, l’évocation de l’expression « violences en milieu scolaire » renvoie à la violence que nous décrivons comme l’usage de la brutalité verbale ou physique par un ou plusieurs individus sur un ou plusieurs autres avec ceci de particulier que l’on peut observer des évolutions dans celle-ci.
La violence est un acte répréhensible posé par quelqu’un ou un groupe de gens mu par l’idée de faire du mal à mains nues ou en s’aidant d’armes blanches ou à feu. Quant au milieu scolaire, l’expression désigne dans notre entendement l’environnement scolaire en tant qu’espace clos ou ouvert qui accueille pendant une partie de la journée l’apprenant qui y vient dans le but de recevoir l’instruction, d’acquérir la connaissance. Ce débat terminologique terminé, venons-en maintenant à ce qui de plus en plus préoccupe aujourd’hui gouvernement, responsables d’établissements scolaires, enseignants, associations des parents d’élèves et élèves, eux-mêmes.
Il serait injuste d’avancer que les violences scolaires n’ont jamais existé par le passé puisqu’elles sont le reflet de ce que la société a toujours produit en termes de conflits. C’est dire que l’opposition entre hommes a de tout temps rythmé la vie communautaire, ce d’autant plus qu’il nous sera difficile de convaincre qui que ce soit sur le fait qu’une parfaite harmonie est réalisable. Plutôt, doit-on la percevoir comme un idéal. De là à dire que cette quête permanente soit à l’origine de certains comportements asociaux, hors-normes, frisant parfois la folie…
La question de la montée des violences en milieu scolaire devait inciter à se demander dans quelle société vivons-nous ? D’aucuns parlent de société en transition, c’est-à-dire en mutation, d’autres de société inachevée comme s’il en existait d’achevés. Autant de qualificatifs qui renvoient à des réalités satisfaisantes ou pas lorsque par exemple nous constatons que l’éducation de nos enfants nous échappe de jour en jour davantage, y compris à la maison où de nombreux parents cédant aux caprices des plus petits ou dans l’incapacité d’imposer leur dictat pour des raisons diverses que l’on peut aisément imaginer qui vont de leur âge avancé à leur situation sociale, les laissent opérer de la manière qui leur sied. Séries télévisées, internet, smartphones et bien d’autres gadgets remplacent la traditionnelle éducation parentale avec leurs conséquences sur les changements intervenant dans le comportement de l’enfant également victime du mimétisme et de l’extraversion qui l’amène surestimer autrui ou tout ce qui se fait en dehors de chez lui.
Sévrés de paradigmes ?
Se pose à la longue un problème de libre-arbitre lorsqu’il lui arrive de confondre le bien et le mal parfois sous l’effet de stupéfiants. Leurs exemples et leurs héros, où vont les chercher nos enfants ? Assurément plus dans les contes autour du feu, encore moins dans l’initiation, mais bien dans la rue, la boîte de nuit, le cinéma, les réseaux sociaux ou le petit écran qui peine à lui reproduire avec conviction sa société à lui. Résultat parmi tant d’autres: le personnage robot que nous présentent assez régulièrement nos médias, celui d’un enfant dépravé venant de commettre un impair loin de son quartier et ne bénéficiant d’aucun soutien de ses proches qui sont souvent informés en même temps que Monsieur tout le monde.
Que faut-il à tous les partenaires de l’éducation, faire pour non pas annihiler le phénomène, ce qui représente visiblement une œuvre de longue haleine, mais le minimiser ? Déployer les détenteurs de la violence légale en milieu scolaire ? Cela est certes souhaitable, mais suffit-il de le faire pour enrayer le phénomène ou jouer de dissuasion ? Quand nous constatons pour le déplorer que, malgré cette présence pourtant significative, certains insensés sont encore pris la main dans le sac. Dans les années 70, comparaison n’étant pas raison, le gouvernement qui avait institué les cases d’écoute pour réduire une certaine forme de fracture sociale, mettait l’accent par le biais de la bien famée Education populaire sur la sensibilisation par la culture qui a fait beaucoup plus de bien que de mal au pays, la preuve, elle l’a doté pris généralement de femmes et d’hommes pouvant avec fierté se targuer d’être des citoyens modèles. Peut-être faut-il qu’une réflexion soutenue et approfondie soit, le plus tôt serait le mieux, menée par tous ceux qui en ont la compétence et la responsabilité pour déboucher sur la proposition d’un nouveau modèle, voire d’un nouveau contrat social, qui pourrait épargner le pays de la répétition de phénomènes retardant sa marche vers le développement.
Jérémie-Gustave Nzamba