« Et les journalistes s’invitèrent au débat », tel aurait pu être le titre d’une œuvre romanesque traitant du 34ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine au cours duquel, fait évènementiel, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa a passé le flambeau à son homologue Congolais de République démocratique Félix Tshisekedi.
Ce serait chercher une aiguille dans une botte de fouin si nous nous aventurions à spéculer sur la question de savoir de qui est venu l’idée d’évoquer lors de cette grand’ messe la situation souvent peu enviable des hommes de presse en général, journalistes en particulier dont le statut s’apparente à bien des égards sous certains cieux encore à celui d’un vil serviteur d’une Cour royale !
N’entend-on pas en effet des gens de la corporation avancer que le journaliste n’est pas le Roi, mais il a au moins une fois dans sa vie l’opportunité de manger à la table du Roi ? C’est à cette boutade que nous avons été amenés à penser lorsque du petit écran, nous apprenions que nos » Head of States » comme les appellent les Anglais ont daigné inscrire dans leur agenda du reste très chargé, la question du traitement des journalistes qui sont certes citoyens d’un pays régit par des lois, mais dont la spécificité du métier qui les assimile à des exécuteurs de tâches informationnelles entrant dans le cadre des Droits de l’Homme, devait pousser les décideurs à réfléchir au traitement et au statut qui devait être le leur dans la société du XXIème dit siècle de la Communication à juste titre. Il n’est besoin que de tirer l’exemple de l’usage d’internet.
Les Latins se seraient exclamés » Ô tempora Ô mores ! », » Oh temps, Oh mœurs » à la vue de ce comportement presque révolutionnaire marquant un grand bon en avant. Car qu’est-ce qui aurait motivé les dirigeants africains, unanimement dirions-nous, à s’intéresser au cas de journalistes qu’ils veulent la plupart du temps voir inféodés au pouvoir et devenir à la longue des forces d’auto-censure, ce qui les indisposerait le moins du monde ? Peut-être, sont-ils désormais convaincus à la suite d’Emery-Patrice Lumumba, l’un des pères de l’indépendance de l’ancien Congo Léopoldville, RDC devenu, que qui tient la Communication a le pouvoir; même si nous sommes relativement loin d’un scandale à la Watergate.
Parler de la condition du journaliste dans l’exercice de ses fonctions renvoie aux rapports annuels de l’Organisation « Reporters sans frontières », pour ne citer que celui-là, qui donnent à voir des images insoutenables d’Hommes de Médias séquestrés, en train de subir des sévices, persécutés quand ils ne sont pas purement et simplement passés à l’échafaud ou criblés de balles par des rebelles, groupes armés ou armées de leur pays.
Dire que la plupart sont sur le théâtre des opérations envoyés pour simplement rendre compte et édifier sur la dangerosité de la barbarie humaine qui s’étend aux zones de paix dans lesquelles on assiste assez souvent, sinon très souvent, c’est selon, au musèlement de la presse à laquelle on réserve en lieu et place d’amendes ou de suspension momentanée de l’exercice du métier ou encore de la jouissance de certains avantages décidés par un organisme compétent, des sanctions contenues dans le Code pénal. Ce qui crée un dysfonctionnement entre le fait délictuel et la peine qu’on fait subir au journaliste qui court parfois le risque de se radicaliser.
Pour tenter de mettre fin à autant de pratiques d’un âge révolu, des lobbies se dressent un peu partout pour réclamer au nom de l’observation des Droits de l’Homme, la dépénalisation des délits de presse et le secret des sources qui sont des éléments à travers lesquels l’on détermine l’encrage à la démocratie d’un pays. La Liberté de la Presse ne compte-t-elle pas parmi les indicateurs permettant de juger l’évolution démocratique d’un Etat ?
Jérémie-Gustave Nzamba