Apprendre qu’un chef d’Etat va présider pour un temps une institution sous-régionale ou internationale, encore qu’il y a des similitudes entre les deux du point de vue notamment de l’organisation même s’il faut reconnaître que c’est surtout la taille démographique et géographique qui les différencie, n’est plus une information tellement de nombreux spécialistes de politique et d’histoire affirment que jusqu’aujourd’hui la ligne de démarcation entre l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) et l’Union africaine (UA), semble n’avoir pas encore été clairement tracée dans la pratique.
Nous croyons savoir que comme pour la Constitution à l’échelle d’un pays, les dispositions d’un texte conçu par d’éminents juristes et politologues, fut- il dans le cadre d’une union sous-régionale, régionale ou internationale dans le style ONU ou UA, ne supportent des amendements que lorsque cela s’impose. C’est pourquoi nous osons avancer que l’esprit qui a milité en faveur d’une refonte de celles de la défunte OUA sur les cendres de laquelle est née l’UA étaient essentiellement frappées d’obsolescence et qu’il était impérieux de ce fait de les toiletter afin dans le contexte nouveau d’en tirer le maximum de profit.
Certes, l’histoire du monde tout comme d’ailleurs celle de l’Afrique nous apprend qu’elle est sans cesse, en dépit du discours politicien, marquée par l’affichage par des personnalités qui ont en mains le destin des peuples ou celles avec lesquelles elles sont en compétition, mais qui n’ont pas la réalité du pouvoir, d’une volonté de se mouvoir au sein des grands ensembles ou, le cas contraire de privilégier les nationalismes. Des deux tendances, c’est visiblement la première qui l’emporte sur la seconde. Sauf qu’il y a un hiatus: il faut à tous, au-delà de parler d’une même voix, ce qui n’est rien du tout au regard des exigences de la praxis marxiste, obéir aux principes régissant l’Union à laquelle ils ont librement par souveraineté choisi d’appartenir.
C’est ici que le bât blesse et que Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo (RDC), est le plus attendu puisqu’il devra pendant son magistère veiller à ce qu’aucun des principes majeurs de l’UA ne soit foulé au pied et que l’Organisation réalise des bons qualitatifs même en nombre limité. Tous ceux que le fonctionnement des institutions regroupant plusieurs pays intéressent, ont pour habitude de les juger au triple plan administratif, technique et financier. Cette « fonction publique internationale » qui devait donner des gages de réussite, est parfois sinon souvent là où l’on décrit les manquements les plus abjectes. En effet, de nombreux Etats pourtant représentés, y compris à des niveaux enviables, tardent à s’acquitter de leurs cotisations ou ne les paient pas du tout, dire que celles-ci servent au fonctionnement de l’institution en autonomie de gestion avec tout ce que cela comporte de charges et au règlement des salaires.

Plaidoyer pour une UA plus dynamique !
Souvent pointée du doigt, cette attitude aux explications diverses qui peuvent aller de la situation sécuritaire ou socio-économique du pays aux crises liées par exemple aux nombreux dysfonctionnements pouvant intervenir à cause des aléas du marché et des récessions économiques qui les accompagnent. C’est justement pour minimiser ces contrecoups qu’il devient nécessaire de former des organismes à même de supporter le poids des défis et de les relever.
En parlant justement de défis, l’UA en a un chapelet à relever. L’Afrique est encore l’un des continents qui bat le record en matière de dictature civile ou militaire et où pour ces raisons qu’il faut coupler avec les calamités socio-économiques et naturelles imprévues ou mal gérées, le développement demeure une arlésienne. Ce pourquoi il est recommandé au président en exercice de l’Organisation des « 54 Afriques » d’avoir de l’étoffe sur le plan diplomatique et relationnel pour pouvoir se doter de la capacité de convaincre ses pairs surtout quand il s’agit d’infléchir leur position vis-à-vis d’une situation au demeurant compromettante. Le président en exercice doit avoir à cœur qu’autant le développement dépend étroitement de la qualité des hommes (santé, formation, usage, etc.), autant il dépend de la sortie du cycle de la « division internationale du travail » imposé par la colonisation qui se traduit par le schéma présentant le continent africain comme éternel pourvoyeur de matières premières bon marché avec l’influence négative que cela a sur la monnaie, le fameux franc CFA dans les pays anciennement colonisés par la France, dont des langues de plus en plus nombreuses se délient, demandant avec insistance le remplacement par une monnaie battue par des Africains, eux- mêmes.
Sans être dans les secrets des dieux, tel était la pensée de Mouammar Kadhafi qui demande à être dépoussiérée et à faire l’objet d’adaptation si tant est qu’il faut que le continent passe obligatoirement par là pour assurer sa survie ou son passage à un ordre nouveau. Il faut à ses « timoniers » de la justesse dans les choix et les jugements pour éviter que l’Union africaine ne soit, comme l’Organisation de l’Unité africaine l’était par le politologue guinéen Soumah Almamy, traitée de « syndicats de chefs d’Etat qui se donnent rendez-vous pour sabler le champagne et se séparer sur un « à la prochaine ! ». Ceci n’étant qu’une interpellation !
Jérémie-Gustave Nzamba
