Point n’est besoin de le rappeler, l’agriculture en général, la pêche en particulier représente le talon d’Achille de la politique gouvernementale. Ceci pouvant s’expliquer par l’accent mis sur les industries extractives au détriment de nombre d’autres secteurs eux-aussi productifs, mais surtout vitaux. C’est donc peut-on dire avec soulagement que nous apprenons la finalisation de l’accord de pêche Gabon/Union européenne. Cependant demeurent dans nos têtes quelques interrogations.
Les explications du ministre gabonais de l’Agriculture Biendi Maganga Moussavou, à beau être convaincantes lorsqu’il explique par exemple que cela constitue un moyen auquel recourt l’Etat pour créer des emplois entre autres et se projetter dans des opérations de sécurisation de nos eaux contre les pirates, il n’en demeure pas moins qu’habitués aux effets d’annonce, le citoyen lambda se souvienne des nombreuses promesses non tenues en dépit parfois de la présentation de la feuille de route d’un projet aux allures futuristes. Question: est-on en train d’aller vers une révolution qui verrait le Gabon mettre à profit ses atouts (800 kilomètres de côtes maritimes, des cours d’eau, fleuves et rivières rationnellement répartis sur toute l’étendue du territoire national) et s’engager sur la voie de la semi- industrialisation si les prévisions sont à la baisse ou de l’industrialisation si au contraire elles sont à la hausse ? La pêche artisanale encore abondamment pratiquée par des sujets étrangers notamment pouvant constituer une niche pour les nationaux que l’on voit plus s’investir dans les activités de revente moins rentables.
Engagement salvateur ?
Cet engagement des autorités gabonaises aidées par les partenaires européens qui devait se solder, à en croire le patron du département de l’Agriculture, par des offres d’emplois est certes louable, mais faut-il rappeler qu’il date d’il y a plusieurs décennies et exige en dehors d’une formation, la mise à disposition de moyens et un accompagnement concret.
Les avantages substantiels sont à moyen et long terme de réfléchir à la possibilité d’apporter une valeur ajoutée à l’activité de pêche en pensant par exemple à la filière industrielle dont l’inexistence relève de la curiosité pour un pays dont toute la façade ouest (800 km de côte) est maritime, mais qui en dehors de ne pas mettre à profit cet atout, rogne tous les ans son budget pour s’alimenter à partir de l’extérieur, y compris en boîtes de conserve. Ledit engagement pris avec l’Union européenne, le Gabon doit comprendre qu’il a valeur de défi et comme tout défi, il demande à être relevé. C’est peut-être là une excellente opportunité qui s’offre au gouvernement pour réaliser l’un des pans du projet de société du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba qui a de tout temps affiché sa lassitude pour ne pas dire son dépit devant la lenteur souvent observée dans la mise en musique des trois piliers de « l’Avenir en confiance », à savoir « le Gabon vert, le Gabon industriel et le Gabon des services ».
Jérémie-Gustave Nzamba