24 heures après le discours d’Ali Bongo Ondimba sur les proportions que prend le Covid-19 au Gabon, notamment dans les deux plus grands centres urbains, Libreville et Port-Gentil, six membres du gouvernement dont les départements sont étroitement liés à la gestion de la maladie, ont donné ce 12 février 2021, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont réitéré en présence du Premier-ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, les recommandations de toujours du président de la République assorties de dispositions nouvelles.
Il était temps au vu de la gravité de la situation épidémiologique, que le gouvernement adopte des mesures dissuasives pour certains certes, mais qui revêtent une importante signification pour qui sait lire entre les lignes. En effet, quel pays au monde dont la population avoisine celle du Gabon peut afficher laxiste devant une réalité qui présente une maladie qui se déclarait depuis son apparition chez les personnes dites actives, c’est-à-dire celles qui font tourner la machine économique, en train d’affecter également de nombreux jeunes âgés de moins de 20 ans ?
Dans ce nouveau cycle de contaminations décrit comme fortement ascendant, il était de la responsabilité régalienne des autorités gouvernementales, au-delà de la prévention, d’épouser l’air du temps en s’arrimant au discours du chef de l’Etat qui avertissait déjà la veille que des décisions complémentaires de nature à venir perturber la vie quotidienne des populations, allaient être prises. Tout en appelant donc les Gabonais à la mobilisation générale, à la solidarité nationale et au sursaut patriotique, le gouvernement qui a choisi l’immeuble Arambo abritant les services du ministère de l’Economie pour s’adresser aux citoyens, a par mesure de précaution, nous reprenons les termes par lui utilisés, opté pour un durcissement des mesures dans un esprit loyal contrastant assurément avec celui qu’affichait l’homme politique anglais Winston Churchill lorsqu’il promettait aux sujets de la Couronne « du sang et des larmes ».
Que retenir ?
- Qu’à partir de ce samedi 13 février 2021, le couvre-feu sera observé à partir de 18 heures la veille jusqu’à 5 heures du matin le lendemain sur toute l’étendue du territoire national ;
- Que dès lundi 15 février prochain, sera décrétée la fermeture totale du grand Libreville avec l’instauration des brigades ou check point de jour et de nuit (qui seront astreints au compte-rendu hebdomadaire auprès de la hiérarchie) au niveau desquels des autorisations de circuler délivrées par les ministères de l’Intérieur et de la Défense nationale devraient être présentées aux agents de faction ;
- Que la durée de validité des tests PCR a été réduite. Ainsi passe-t-elle à 3 jours pour les personnes en provenance de l’étranger et à 7 jours pour celles résidant au Gabon ;
- Que le port du masque obligatoire est exigé à partir de 5 ans ;
- Que les visites dans les hôpitaux sont interdites, sauf autorisation du corps médical ;
- Que l’accès aux restaurants se fait par présentation d’un test PCR ;
- Que des sanctions seront infligées aux commerçants indélicats qui seront sous le coup d’amendes pécuniaires ou de fermetures pouvant durer jusqu’à un mois ;
- Que les cours dans les établissements scolaires et universitaires prendront fin à 15 heures ;
- Que les laisser-passer seront délivrés uniquement aux secteurs dits essentiels (santé, communication, agents des forces de l’ordre).
Soulignons que pour les personnes avisées, cela n’est pas surprenant au vu de la tournure prise par les évènements ces dernières semaines et des incessantes interpellations des autorités qui n’ont cessé de se plaindre du relâchement dont font montre les Gabonais par ces temps marqués par une nouvelle flambée des contaminations et la hantise d’une nouvelle vague, sans parler des variants qui pourraient, nous aussi, nous guetter, personne n’étant à l’abri de la faucheuse sournoise. De toutes façons, l’on se souviendra que le gouvernement l’avait déjà prédit le 23 janvier dernier.
Jérémie-Gustave Nzamb