Pour paraphraser l’artiste musicien congolais Franklin Boukaka des années des indépendances, « Au Gabon, s’il est de coutume que des opposants, fussent-ils radicaux, aillent au palais, rencontrer le président de la République, toutes les rencontres enregistrées jusqu’ici n’ont pas la même signification ». Ainsi, peut-on affirmer que celle du 10 juin dernier de l’ancien Premier-ministre d’Omar Bongo Ondimba avec Ali Bongo Ondimba tout comme celles en amont de Mba Abessole ou de Pierre Mamboundou avec ce dernier, devrait, plutôt que de prêter à confusion, refléter l’air d’une possible réconciliation entre le pouvoir et l’opposition, propice au règlement des questions essentielles concernant le développement du Gabon qui éloignent chacun des interlocuteurs du prisme de l’ego et le rapprochent davantage du vivre-ensemble tant prôné par le chef de l’Etat au profit de ses compatriotes et de tout le pays.
« Je ne serais heureux que lorsque chaque Gabonais sera heureux », cette phrase-credo d’Ali Bongo Ondimba, croyons-nous savoir, fait des émules, y compris dans l’opposition dite radicale habituée à revendiquer « sa victoire » à la présidentielle de 2016 au point de ne pas vouloir décolérer, même devant la souffrance des compatriotes qui attendent de tous leurs dirigeants qu’ils s’associent surtout en ces temps de crise sanitaire qui obèrent les capacités du pays à satisfaire totalement ses enfants, pour qu’ensemble, ils travaillent à l’unisson dans le sens de trouver des solutions durables aux problèmes qui assaillent les populations au quotidien.
Eyeghe Ndong, l’irréductible, au palais, pour quoi faire et dire à Ali Bongo Ondimba ? Question que continuent de se poser nombre de Gabonais pour qui il était impossible que celui qui s’est depuis rallié à Jean Ping sollicite une audience auprès du président de la République. C’était sans compter avec le sens civique qui habite ce haut commis de l’Etat qui s’est toujours souvenu, contrairement à d’autres, que le président de la République est et restera la première des institutions de la République et que personne d’autre que lui qui l’incarne ne saurait être en mesure de régler certaines questions sensibles, aussi sensibles que celles qu’il est venu officiellement lui poser, à savoir la réponse à des revendications portant satisfaction de ses droits d’ancien Premier-ministre. Jean Eyeghe Ndong a déclaré à la presse et à l’opinion, n’avoir jamais bénéficié de ses droits d’ancien chef du gouvernement et de n’avoir jamais reçu de réponse des autorités dont le Premier- ministre actuel sur le sujet, ce pourquoi il a opté pour s’en référer au premier des Gabonais.
Même s’il est vrai que ce sujet soit la première des préoccupations du collaborateur d’Omar Bongo Ondimba, est-il plausible de croire que d’autres questions relatives à la vie du pays et donc à son avenir n’ont pas été évoquées au cours de l’entretien entre Ali Bongo Ondimba et son hôte ? Quand on sait la communauté d’approche et le pragmatisme que partagent les deux personnalités sur certains sujets concernant le bien-être des populations et l’abnégation au travail ? Une réflexion assidue nous amène nous départir des ragots et de la médisance pour tenter de comprendre le fond dudit entretien qui aurait sans doute tourné, en dehors du prétexte que constitue la régularisation de la situation de Jean Eyeghe Ndong, à un échange entre deux hommes d’expérience sur les tentatives d’aboutissement du projet de société « l’Avenir en confiance » d’Ali Bongo Ondimba sur lequel il n’est d’opposition que celle qui n’aime pas le Gabon.
Nous ne voulons pas nous poser la même question que d’aucuns consistant à se demander si aujourd’hui plus qu’hier, la « Coalition pour la nouvelle République » (CNR) ne voit pas ses projets égoïstes désuets et ne tente pas, parfois timidement, parfois ouvertement, de revenir à de meilleurs sentiments avec ceux qui exercent le pouvoir, considérant qu’il n’est peut- être plus temps de faire cavalier seul et que les préoccupations des Gabonais ne peuvent pas être satisfaites par un seul camp, mais plutôt par tous les « braves fils » du pays qui ont, comme souhaité par Ali Bongo Ondimba, compris que l’heure puisque grave n’est plus à la division, mais bien à la solidarité et au travail, et que cela n’est possible que lorsque chacun et tous aura et auront compris qu’il y a encore et toujours de la place dans la maison du père, pour qu’ils aient le courage, l’honnêteté et la justesse d’y revenir avec armes et bagages. L’avenir du Gabon et des Gabonais en dépend. Certainement que l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba est de ceux qui s’en s’ont désormais approprié. Pourquoi ne pas dire « Vaut mieux tard que jamais » !
Jérémie-Gustave Nzamba