La communauté nationale habituée à s’intéresser aux développements socio-politiques le savait malade depuis son bref séjour à la clinique Chambrier de Libreville jusqu’à son évacuation dans un hôpital parisien, mais n’entrevoyait pas son retour au père. Et pourtant, c’est la nouvelle fatale que les Gabonais apprennent depuis très tôt ce matin.
L’homme qui un jour nous expliquait que feu Omar Bongo Ondimba dont il fût le Premier ministre dans les années de braise (1990), lui avait dit: « Cam, si tu veux gérer le Gabon, il faut avoir un sac de glaçon sur la tête », comptait parmi l’intelligentsia et la classe de technocrates que peut s’enorgueillir de posséder le pays. Ce qui justifie la thèse selon laquelle, avec son décès, la nation perd un de ses cracks et dignes fils qui ont fait parler d’elle non seulement sur le continent, mais aussi à l’échelle planétaire, dans le bon sens s’entend. A 79 ans, l’on ne peut pas avancer qu’il était trop vieux pour nous quitter, ce fils de Nzamaligué par Donguila dans l’Estuaire de qui de nombreux compatriotes attendaient encore énormément, surtout si, comme lui, ils font partie de l’Union nationale (UN), la chapelle politique d’opposition qu’il a intégrée avec armes et bagages en 2009 après son départ du gouvernement dans lequel il a servi 19 ans durant aux postes de Premier-ministre, de ministre de la Planification, du Pétrole et de l’Energie et des Affaires étrangères. Plusieurs fois député à l’Assemblée nationale, celui qu’on appelait affectueusement « Cam la Class », avait énormément fait parler de ses qualités managériales lors de son séjour au Cameroun où il occupa de 1978 à 1990, le poste de gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).
Ses compagnons politiques ne tarissaient pas d’éloges pour ce cadre qu’ils n’hésitaient pas d’affûbler d’épithètes. Pèle-mêle, on le disait : « homme d’intégrité, de paix et d’expérience », qui brillait pas sa franchise et son humilité traduites dans son message fort aux Gabonais: « Si les jeunes ne font plus confiance aux politiciens, c’est à cause du sentiment qu’ils ont souvent été trahis », mieux, l’ancien hiérarque du Parti démocratique gabonais (PDG), opposant devenu, s’était distingué par une sortie mémorable, déclarant : « Je demande aux Gabonais de me pardonner », après qu’il eût retiré contre toute attente sa candidature à la présidentielle de 2009. Tout ce qui explique qu’il ait été un homme politique singulier qui rêvait certainement d’un Gabon meilleur, apaisé où il fait bon vivre. Son principal legs: l’amour du travail bien fait et du prochain, la franchise, l’abnégation, le courage, y compris de ses opinions, le patriotisme et bien d’autres…
Jérémie-Gustave Nzamba