Une grosse pointure de la vie politique gabonaise vient de tirer sa révérence ici à Libreville. Il s’agit du médecin général Albert Ndjavé Ndjoye qui a été terrassé le 17 octobre dernier à Libreville par un cancer de la prostate contre lequel il luttait depuis plusieurs lunes.
Ce proche de l’ancien vice-Premier ministre Georges Rawiri, considéré comme le numéro II du régime d’Omar Bongo Ondimba, et mort le 9 avril 2006, n’aura pas vécu inutilement car plusieurs hauts faits d’armes militent en faveur de lui. Ce médecin de carrière a en effet été le premier Directeur général du service de santé militaire, c’est-à-dire l’homme sur les épaules de qui reposait la responsabilité de placer sur les fonts baptismaux cet édifice lorsqu’il était encore méconnu des Gabonais. Ce ne fut donc pas facile ! Et pourtant son abnégation l’emportera sur la craintes qui pouvaient naturellement habiter certains de ses collaborateurs que sa présence à la tête de cette unité naissante avait pourtant rassurés.
Ce haut commis de l’État s’est vite fait remarquer par le Président Omar Bongo Ondimba qui va décider de lui confier de nouvelles responsabilités dont celle de Conseiller personnel du chef de l’Etat qui sera le début d’une carrière bien remplie qui le mènera aux fonctions de ministre plusieurs fois, ainsi qu’à celle de député à l’Assemblée Nationale où il occupera le poste de Vice-Président. Représentant des populations de l’Ogooué et des Lacs, il a toujours été considéré par ces dernières comme un notable exemplaire auprès de qui l’on venait recueillir des leçons de vie à partir desquelles on bâtissait une vie meilleure. D’abord facile, Docteur Albert Ndjavé Ndjoye ne comptait que des amis dans son fief électoral, nonobstant les luttes politiques que lui livraient certains de ses adversaires au moyen de coups bas.
L’homme que perd le Gabon avait toujours gardé son sang froid et la tête sur les épaules, ce qui expliquait bien qu’il avait été à la bonne école de ses mentors, Omar Bongo Ondimba et Georges Rawiri, qui lui conseillaient d’être au-dessus de la mêlée, d’où sa grande discrétion et sa légendaire finesse dans le jugement. N’a-t-il pas d’ailleurs vécu au moment où le leitmotiv était « le pardon est notre meilleure vengeance » ? Avec cette mort qui suit celle, le 16 septembre dernier à Paris de l’ancien Premier ministre gabonais Casimir Oyé Mba, l’on peut à juste titre avancer que le Gabon est en train de perdre des personnalités qui ont contribué à le rendre prospère. Comment ne pas imaginer les regrets qu’expriment les populations ?
Jérémie-Gustave Nzamba