Jamais un 1er novembre de l’année pendant lequel les populations gabonaises en particulier, mondiales en général, rendent hommage à leurs morts n’aura été vécu sous le signe d’une pandémie, à moins peut-être qu’on remonte très loin dans l’histoire: au temps de la peste ou des deux guerres mondiales, mais absolument plus dans ce 21ème siècle.
Ce qui nous fait dire qu’aujourd’hui, la Toussaint représente réellement un évènement du fait qu’elle est la fête qui vient nous rappeler de vieux et tristes souvenirs d’êtres dont plusieurs étaient, on va dire, des piliers dans nos familles ou encore, pour être plus simples, des personnes exceptionnelles suscitant toujours de l’admiration par leur sens légendaire de responsabilité; mais aussi parce qu’elle intervient dans un contexte de crise sanitaire qui pourrait empêcher bon nombre de célébrer correctement, avec l’alan d’antan, leurs devanciers dans la maison du père où, croyons-nous, ils ont tous trouvé une place commode.
C’est que cette situation de Covid qui contraint les familles à déjà hésiter d’affluer vers les cimetières va peut-être les empêcher de se recueillir en nombre comme au bon vieux temps sur la tombe de ceux des leurs. Ce qui est mal vécue chez nous Bantu qui brillons par le respect des morts et tenons chaque fois que se présente une occasion à le leur signifier en créant la communion spirituelle avec eux tant il est vrai que nombre d’entre nous pensent avec Birago Diop que les morts ne sont pas morts.
Ce 1er novembre, à cause de l’instauration des mesures barrières, à moins d’un miracle, pas grand monde ne se rendra comme d’habitude au cimetière lui préférant l’intimité familiale contrastant avec la chaleur marquant ladite intimité familiale lorsque les temps sont moins moroses. Puisqu’il faut vivre d’espoir, « l’espoir faisant vivre », nous dit-on, nous espérons que la prochaine fête dite des morts ne ressemblera point à celle de 2021 qui, elle, est bien, ainsi que nous l’avons dénommée: « la Toussaint du Covid ».
Jérémie-Gustave Nzamba