C’est un pari fou que prend le gouvernement gabonais à travers le Ministère de l’Agriculture, de réduire de 50% la dépendance du Gabon vis-à-vis de l’extérieur l’an prochain. Salutaire pour un pays qui dépense chaque année près de, sinon 400 milliards de francs CFA pour l’importation de produits alimentaires.
Cela s’appelle « prendre le taureau par les cornes » quand on sait les efforts qu’il faut nécessairement fournir pour nourrir les deux millions de bouches composant la population gabonaise, surtout au sortir, si elle était éradiquée en 2022, de la pandémie à Covid-19 qui affecte l’économie et pousse les États, le Gabon y compris, à opérer des réajustements sur leurs finances. Nourrir la population, fut-elle relativement modeste, cela reviendra cher, cela va de soi, surtout lorsqu’il faut recommencer à zéro comme c’en est le cas pour la riziculture dont le pays avait déjà l’expérience en coopération avec la Chine, on en veut pour preuve les rizières de Tchibanga et Nyali, il y a plusieurs décennies. Expérience avortée pour des raisons que nous sommes loin de connaître. En effet, tenir le pari de produire dans les délais prescrits, 20.000 tonnes de riz suppose un travail bien pensé et financé, sans relâche et invitant des ressources humaines et matérielles conséquentes. Le pari est sensible simplement parce qu’aujourd’hui, à la grande différence d’hier, le riz est considéré comme, pour ne pas dire est un aliment de base, car presqu’aucun foyer n’en manque et tous en consomment régulièrement et même tous les jours de manière générale.
La production locale, si elle était atteinte, arriverait-elle à satisfaire toutes les populations ? Celles-ci s’y intéresseraient-elles quand on sait l’appréhension du Gabonais pour le « made in Gabon » ? Quelle en serait le coût ? Et quid de la concurrence avec le riz importé quand on réalise que dans le cas de certains produits, l’huile par exemple, le litre produit localement est vendu plus cher que l’importé ? Autant de questions qui devraient être posées et qui ne manqueront pas de l’être par les Gabonais qui ne s’opposent cependant pas à l’initiative louable prise par le gouvernement, mais dont ils redoutent qu’elle ne soit un feu de paille ou qu’elle ait du retard à l’allumage. Ils en sont, disent-ils, coutumiers. Si cela se passait normalement et donc comme souhaité par le Ministère de l’Agriculture, le gouvernement s’entend, des économies seraient réalisées et un pan important dans le sens de la satisfaction des droits de l’Homme par l’alimentation aurait été réalisé au grand bonheur des Gabonais assurément qui attendent depuis belle lurette des révolutions de ce genre. Cela viendrait ajouter au crédit du chef de l’État Ali Bongo Ondimba dont ce serait un très bel argument pour affronter ses adversaires au cas où il accédait au vœu des formations de la galaxie présidentielle de le voir se porter candidat pour la troisième fois consécutive à la présidentielle de 2023.
Wylma Ogoulat