Ce n’est pas rien si Marie-Madeleine Mborantsouo, président de la Cour constitutionnelle gabonaise, a décidé de faire entendre sa voix bien en amont des futures élections générales de l’année prochaine et notamment la présidentielle, objet de violents remouds depuis le retour au multipartisme en 1990 à la faveur de la Conférence nationale.
Sans vouloir offenser certains de nos hommes politiques, le constat est qu’ils se croient tous investis du pouvoir populaire même sans avoir jamais brillé par leur aura. C’est donc dire qu’ils sont loin de remplir la première condition qu’exige la communication politique, à savoir la reconnaissance qui précède l’offre. Et pourtant, c’est leur droit, ils croient dur comme fer que remporter un scrutin, qui plus est celui que le général de Gaulle qualifiait en son temps en substance comme « la rencontre d’un homme avec le peuple », est une mince affaire. Ce sont ces politiques qui créent souvent la confusion allant jusqu’à bouder les résultats enregistrés et proclamés par le Centre gabonais des élections (CGE), résultats portés vers la gardienne de la Constitution, la Cour constitutionnelle qui les examine en même temps qu’elle examine les recours déposés avant que d’officialiser lesdits résultats. Mais, des griefs, il y en a toujours eu contre elle et ses neuf juges dont le président qui, malgré les explications apportées aux hommes politiques et à leur parti, ainsi qu’aux populations votantes, a du mal à se voir accorder un blanc seing. Ce pourquoi d’aucuns ont qualifié en 2016 la Cour constitutionnelle de tour de pise toujours prompte à pencher d’un et d’un seul côté, entendez celui du pouvoir dont ils affirment qu’elle est le bras séculier.
Dans un tel contexte, Marie-Madeleine Mborantsouo qui veut dissiper tout mal entendu se voit en quelque sorte dans l’obligation, au nom de la sauvegarde de la paix sociale et du respect du serment qu’elle a, avec ses collègues, prêté de sortir de son terreau et d’aller vers les hommes politiques où qu’ils se trouvent, échanger avec eux sur l’essentiel en prenant appui sur les textes qui sont, eux, irréfutables afin qu’ensemble ils jurent de se comporter dignement lors des futures échéances et ne tiennent plus des discours déviants, insultants et dévalorisants à l’encontre de la Cour constitutionnelle dont le travail qui n’est pas de tout repos n’est pas souvent facilité par l’interprêtation que font de nombreux hommes politiques de la lecture des textes par les juges constitutionnels. Certes, il n’est pas de leur devoir de recadrer les responsables de formations politiques, de surcroît candidats à la présidentielle, mais le contexte les amène prendre les devants s’ils tiennent à ce que l’on ne soit pas condamné, peut-être aussi par la mauvaise foi de certains, au bis-repetita. Ces scènes ignobles que nous sommes habitués à vivre une fois les résultats définitifs des élections donnés et même avant à cause des supputations entretenues et relayées, à tort ou à raison, c’est un tout autre débat, par certains leaders n’acceptant jamais de perdre et donc prêts à mettre le feu sur les fondements de la République, se transformant certains en pyromanes criant au pompier.
Jérémie-Gustave Nzamba