Depuis 1990 que le Gabon a renoué avec le multipartisme, les partis d’opposition, comme en est encore à le noter Me Louis-Gaston Mayila, l’un des acteurs politiques de premier plan dans le pays, éprouvent un mal fou à accorder leurs violons aussi bien sur la question de la désignation d’un candidat unique que sur celle de la confection d’un projet de société fiable regroupant les attentes pressantes des populations, Dieu seul sait combien sont-elles !
Ce qui les fragilise jusqu’aujourd’hui face au Parti démocratique gabonais (PDG), rompu aux joutes électorales et habitué du terrain, même si celui-ci, force est de le reconnaître, lui offre par moments de mauvaises fortunes. Qu’à cela ne tienne, peut-on dire, la formation politique dont le président de la République Ali Bongo Ondimba est le Distingué-Camarade-Président s’en sort plutôt bien, ce qui a fait dire de son vivant au Docteur Marcel-Éloi Rahandi Chambrier qu’elle était un véritable rouleau compresseur. Devant lequel il faut affûter les armes avec stratégie pour ne serait- ce que prétendre arracher quelques votes lors d’un scrutin surtout capital dans lequel l’investissement, en dehors d’être lourd, commande l’usage d’une stratégie payante qui ne s’accommode point des divisions sans cesse observées chez des « opposants » dont le socle des projets est presque le même quand bien même leurs partis qui manqueraient visiblement d’idéologie, sinon on n’assisterait pas à des transhumances sans fin souvent opérées au gré des humeurs, se réclament ou de la sociale démocratie, ou du socialisme, ou du centre, ou encore d’autres obédiences politiques qu’ils ont du mal à respecter parce que leurs leaders prennent pour la plupart la politique comme un tremplin et considèrent le plus clair du temps leur formation comme des fonds de commerce leur permettant d’avoir une visibilité, quelqu’un soit leur taille sociologique, et d’être quand s’offre la moindre occasion invité partager le festin avec le parti au pouvoir que lesdites formations politiques disent pour la plupart, c’est de bonne guerre, accompagner dans sa lutte pour la conquête de la magistrature suprême.
On se demande avec insistance si les partis d’opposition ont suffisamment de relais pour ne pas dire des relais de qualité au double plan moral et des compétences en matière électorale à l’intérieur du pays ? Et pourquoi, sachant la lutte de longue haleine, ils y vont presque la fleur au fusil, s’y prenant assez souvent avec du retard, dire que les Pédégistes brillent par un discours qualifié de suranné par certains, mais qui fait encore recette, sinon comment expliquerait-on leurs victoires continuelles ? De tout temps et pourtant, les opposants gabonais ont réfléchi sans succès à la candidature unique dans le but avoué de maximiser les chances de succès et pouvoir plus facilement confondre le camp d’en-face qu’ils ont toujours accusé, à tort ou à raison, de truquer les résultats des urnes, mais à chaque fois, l’égo de chacun doublé de ses appétits égoïstes ont poussé le projet s’achever en eau de boudin. A qui alors la faute si le PDG à l’affût, surfe intelligemment sur de telles erreurs puériles que ne manquent plus de relever les votants au point de bouder aujourd’hui beaucoup plus qu’hier les urnes indépendamment du fait qu’il leur soit ressassé que le vote reste le premier devoir du citoyen.
Le déficit organisationnel des oppositions gabonaises (idéologiques et du ventre) leur jouent assez souvent un sale tour et c’est parfois à tort, peut-on dire, qu’elles ruent dans les brancards lorsqu’elles voient un vote leur échapper et le PDG en sortir vainqueur. Veulent-elles nous dire qu’elles n’ont jusqu’ici pas tiré les leçons du passé pour être en mesure de désormais s’aviser ?
Jérémie-Gustave Nzamba