De Rabelais, nous avons appris que science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Quelque soit le contexte dans lequel l’écrivain français a utilisé cette expression, nous pouvons, nous, l’interpréter comme une manière de nous inciter à cultiver les valeurs indispensables à notre éclosion aussi bien intellectuelle que morale. La 1ère édition internationale du livre gabonais et des arts devrait représenter une tribune idoine pour tous ceux qui ont encore « des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ».
En effet, nombre d’entre nous, au delà de lire pour le plaisir ou par habitude, conçoivent les « feuilles maculées d’encre » comme un moyen d’évasion, de découverte et d’information éloignant du stress. Quant à l’art, il représente, toute œuvre de l’esprit à laquelle le créateur accorde une signification qu’il situe souvent au- delà du réel, même si il y puise son essence. L’art est donc avec nous sans être avec nous dans le sens où il est création humaine dont les interprétations peuvent être diverses. L’artiste qui créé peut à des moments s’éloigner spirituellement de son œuvre, laissant le soin à tous ceux qui ont les aptitudes de la commenter avec le regard qui est le leur, sans toutefois faire abstraction de celui du créateur, lui- même, à qui l’on doit toujours de reconnaître la paternité. Posé ici la question lancinante des droits d’auteurs qui soulève tant de passions.
Ces passions enfouies dans l’âme des individus et des peuples pour ne pas dire des sociétés dont celles qui semblent les banaliser, nous parlons de celles de chez nous, parce qu' »envoûtées » par le miroir aux alouettes occidental. Une âme qui traduit nos sens, nos émotions, notre intuition et notre intellect que certaines circonstances étouffent. Cette première édition internationale du livre gabonais et des arts doit être une véritable occasion de discourir sur ce que représentent les écrivains et les artistes et bien- entendu sur leur apport ou ce que devrait être leur apport dans le microcosme socio- culturel gabonais. Car, il semble qu’ils représentent, beaucoup d’entre eux, une sorte de prolongement de notre société d’origine faite de contes, de proverbes, de légendes, de mythes, mais aussi d’imaginaire, de statuettes, de masques(ceux qui suivent l’actualité savent à quoi nous faisons aussi allusion), de tableaux, nos sculpteurs n’ont rien appris de Léonard de Vinci pourtant tant célèbre, y compris au Gabon, et de toutes autres choses qui interrogent nos origines profondes. Permettez- nous enfin de paraphraser Amadou Hampâté Bâ et d’avancer qu’au Gabon, tout écrivain ou artiste qui meurt est une bibliothèque qui brûle…
Jérémie- Gustave Nzamba