La récente décision du gouvernement gabonais de renforcer l’apprentissage des oeuvres de compatriotes dans le programme scolaire pour salutaire qu’elle est, suscite moult interrogations au nombre desquelles celle consistant à se demander s’il n’est pas dans sa stratégie d’aller plus loin.
Aller plus loin, qu’est- ce à dire ? Favoriser les écrivains en leur permettant de vivre de leur art, la culture puisque leurs œuvres constituent un pont entre les cultures du terroir et les populations qui, à travers elles, s’imprègnent de ce que sont leurs réalités. Le livre pouvant remplacer le détenteur de la culture, le sage en offrant au lecteur des éléments inestimables susceptibles de le réconcilier avec lui- même. Ne dit- on pas que la culture est l’âme d’un peuple et, pour reprendre l’Africaniste Amadou Hampâté Bâ qu’en Afrique, tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ? Inscrire de plus en plus d’œuvres écrites par des Gabonais dans le programme scolaire devait faire l’objet d’une réflexion approfondie car une chose est de matérialiser l’idée, ce qui est louable, mais une autre est de se projeter pour voir par exemple dans quelle mesure éviter que ceux qui écrivent parfois pendant de rares moments volés à la fatigue ne soient soumis à des obligations telles celles qui les imposent verser à l’Institut Pédagogique National (IPN), la somme de 300.000 francs CFA pour que leur travail soit lu sans même avoir la garantie qu’il aura les faveurs qu’ils attendent. L’État doit également pouvoir se pencher sur la sempiternelle question du coût des ouvrages qui constitue, de l’avis de bon nombre, un frein dans la consommation des œuvres de l’esprit. Sait- on que coûte l’édition d’un ouvrage ? Pas sûr pour le commun des mortels. Normal, qu’il ne s’intéresse qu’au prix pratiqué avec effets négatifs sur l’achat. Et la réponse positive, qui devrait la lui apporter ? Dans le cas des pays comme le Sénégal dont on peut s’inspirer, des méthodes existent qui profitent à tous, écrivains, lecteurs- clients, éditeurs, j’en passe !
Jérémie- Gustave Nzamba