Le philosophe guinéen Almamy Soumah nous apprenait qu’au contraire de la théorie qui supporte d’être changée parce qu’émanant de l’homme, la « réalité naturelle », elle, est immuable à l’instar du soleil et de la pluie pourtant comme aujourd’hui encore accusée par bon nombre d’avoir tué.
Il y a assurément dans nos jugements des postures fantaisistes qui nous poussent paraphraser Jean- Paul Sartre, nous amenant avancer que l’enfer, c’est la pluie. Comment ne pas tenir pareil propos lorsque, comme de nombreux compatriotes forcément attristés suite à l’énième éboulement qui a causé au Pk8 de Libreville, la mort de 7 personnes, l’on rend sans prendre du recul, la seule pluie responsable du drame. Certes, l’on peut comprendre cette tendance de l’homme face au choc émotionnel, mais de là à ne pas se poser les questions essentielles…Commençons par celle de savoir ce qui entête les populations à opter pour s’installer dans des zones à risques (lit de rivière, marécage ou encore colline) ? Avant d’interroger l’État sur ses missions régaliennes parmi lesquelles celle consistant à veiller à ce que les populations disposent d’espaces viabilisés où s’installer devient non seulement facile, mais aussi moins coûteux. On ne le dira jamais assez, les cris et gémissements du peuple devraient être considérés comme un baromètre devant pousser les autorités à prendre le pouls de la société et à rectifier dans la mesure de leurs moyens le tir s’il est réellement dans leur idée d’améliorer les conditions de vie des habitants. Qui, nous en convenons, choisissent de construire là où ils savent pourtant que leur vie est menacée pour diverses raisons. Peut- être parce que ne disposant pas de suffisamment de moyens, peut- être pour être pas trop loin de la ville et s’offrir le transport à moindre coût vu qu’ils sont de bourses modestes, peut- être encore pour la proximité avec certains de leurs proches ou semblables, ce que beaucoup sauf les sociologues ont du mal à comprendre, car chez bon nombre la « banlieue africaine » est ni plus ni moins qu’une reproduction du village ou encore parce qu’ils n’ont pas de choix, l’urbanisme et les domaines pour ne citer que ces deux administrations publiques ne leur ayant rien proposé. D’où le regard vers l’État dont c’est l’une des missions de garantir aux populations de bonnes conditions d’installation à défaut de les loger décemment. C’est en grande partie grâce à des politiques de logement viables que l’on peut à coups sûrs éviter la reproduction ou la répétition à faibles intervalles de telles catastrophes. Il faut pour cela aux pouvoirs publics repenser leur politique en matière de logement, non pas que l’actuelle soit entièrement décriée, mais en mettant un peu plus l’accent sur par exemple des pans comme la sensibilisation, l’urbanisation et la viabilisation, avant de procéder, comme cela se fait concrètement partout ailleurs, à une catégorisation qui laisserait apparaître au grand jour les principes fondamentaux de l’équité dans l’acquisition.
Jérémie- Gustave Nzamba