Comme tous les ans depuis 1991, le 16 juin, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), Union Africaine (UA) devenue, célèbre à travers le continent, la journée de l’enfant africain, consacrée cette année au rapport de ce dernier avec les nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Il faut certes coller au temps, mais l’enfant, en lui- même, représente un véritable symbole.
Oui, il est plausible d’admettre que de nos jours, ce depuis l’avènement d’Internet au début des années 2000, les habitudes ont considérablement changé et que ceux de la génération dite Androïde en sont les principales « victimes », au vu des divers usages qu’il fait de cet outil essentiellement révolutionnaire, car susceptible y compris de modifier les habitudes et perceptions, mais faut-il un instant que l’on jette un regard dans le rétroviseur pour voir qu’est ce qui a motivé les dirigeants africains à instaurer une telle journée.
1986, l’Afrique du Sud vit sous régime d’Apartheid qualifié par les Afrikaners, descendants de Néerlandais et autres peuples européens les accompagnant dans le trek boors qui déposséda les noirs de l’essentiel de leur espace vital au nom de la « prétendue » civilisation, la langue du colon est forcée dans les études, y compris dans la South West Town (SOWETO) où la jeunesse apprenante ne l’entend pas de cette oreille. Éveillée, non-instrumentalisée et consciente des enjeux à venir bien que vivant sous l’emprise du diktat, elle décide à travers ce qui constituera sa marque (génération du stone power), entendez (génération de la pierre) de combattre la police venue armée la traquer à l’aide de cet outil naturel. Pas surprenant qu’elle en ait pris pour son grade en commençant bien-entendu par la toute première victime, un tout petit bout de choux, Hector Peterson, dont la mort brutale déclencha l’une des vagues de violence les plus mémorables au pays de Ian Smith et Piter Willem Botha.
Les évènements qui parcoururent le monde n’hésitèrent pas à interpeller, le journaliste franco-malgache Paul Bernetel leur consacra d’ailleurs son best-seller, « les enfants de Soweto » avec en couverture, l’image du jeune enfant porté par un adulte, comme pour signifier qu’il y avait cruauté sur des espèces fragiles et que la communauté africaine, internationale au demeurant, se devait de prendre conscience de la gravité de tels actes.
En 1986, la lutte contre l’Apartheid prend un tournant plus que décisif sous la présidence de Denis Sassou Nguesso à l’OUA, soutenu qu’il était par de nombreux hommes de culture au nombre desquels Myriam Makeba et Pierre-Claver Akendengué. Il fallait le faire lorsque l’on imagine la détermination des défenseurs du « système de développement séparé » de garder en l’état cette machine oppressive. Et pourtant, c’est quelques années après, sans doute aussi à la faveur du « vent de l’est » que les dirigeants sud-africains furent contraints de lâcher prise et que se produisirent le démantèlement de l’Apartheid et l’avènement d’une journée dédiée à l’enfant africain.
Le Gabon dans tout cela ? Il vous souviendra que le pays d’Omar Bongo Ondimba qui a eu le mérite d’accueillir dans la foulée le premier président noir sud-africain, Nelson Mandela, a intensément aidé les pays frontaliers de l’Afrique du Sud dits « pays de la ligne de front », tout en menant un véritable combat médiatique et diplomatique reconnu sur la planète.
Jérémie-Gustave Nzamba