Combien de Gabonais s’interrogent sur l’état de leur Football quand on les voit se contenter d’applaudir la qualification de leur équipe nationale à la CAN qu’abrite le Maroc l’an prochain ?
Cette question, pour saugrenue qu’elle puisse paraître aux yeux de certains, mérite d’être cependant posée au vu de l’état d’esprit dans la tanière et des résultats en dents de scie qui n’inspirent pas confiance pour l’avenir. Quel sort aurait été réservé aux « Panthères » si seulement les Lesothans, pourtant éliminés, ne s’étaient pas montrés orgueilleux face aux Congolais de RDC, qu’ils ont battus, quelle prouesse, sur le score de 1 but à 0 ? Quand le Maroc, quoique qualifié, infligeait une cinglante déculottée aux poulains sans âme de Thierry Mouyouma en aller/ retour (4-0 et 5-1). Au vu de telles statistiques, on est en droit de se demander si la victoire du Gabon (1-0) sur la RCA en Afrique du Sud dimanche dernier est de nature à doper le moral des troupes lorsqu’ on s’en tient à l’effectif, à l’état d’esprit et à la préparation quand bien-même d’aucuns qui militent pour un retour à un championnat national digne de ce nom, affirment que le fait que de nombreux internationaux évoluent à des niveaux respectables à l’extérieur, devrait faire l’effet d’une bouée de sauvetage pour la team qui, rappelons- le, est attendue au Maroc dans une forme conforme à la compétition avec à cœur, le souvenir du raté de la CAN TOTAL C.I à laquelle elle n’a pas pu prendre part. Maroc 2025 devrait normalement représenter pour les Panthères une occasion de prendre leur revanche. Au lieu qu’elles ne se contentent, comme elles en ont l’habitude ces temps derniers, que de coller au mot du père des Jeux Olympiques (J.O), Pierre de Coubertin, pour qui l’essentiel était de participer, car il y’a au- delà de toute considération qu’il en va de l’honneur du pays dans un monde devenu de plus en plus concurrentiel. Honneur, où es-tu ?
La faute à qui ?
Si l’on doit de prime abord condamner les athlètes pour leurs piètres performances quasi- répétitives, athlètes qui font souvent preuve d’absence de patriotisme, de concentration, d’abnégation, de courage et de compétitivité, les dirigeants du Sport national (Ministère, FÉGAFOOT et encadrement technique) ont, ne nous le cachons pas, une grande part de responsabilité dans la crise qui sévit au sein de la tanière. Cette affirmation nous amène nous demander quel est le rôle de chacun et pourquoi l’on entend souvent parler de chevauchement ? D’où provient l’argent qui sert à l’organisation (regroupement, voyages, loyer, nutrition, primes etc.) de l’équipe nationale ? Pourquoi l’on s’y prend souvent avec du retard, prétextant que les sommes à mobiliser sont encore au Trésor public ? Pourquoi le championnat national a du mal à être organisé dans les règles de l’art depuis plusieurs années, alors qu’il devait constituer un vivier pour le sélectionneur national ? Qu’est-ce qui guide le choix des dirigeants ? Le Football gabonais est- il politisé ? Toutes ces questions que se posent les Gabonais, parmi tant d’autres, nous demandent, solliciter les états généraux du Sport, Football, dans le cas d’espèce, gabonais. Car les tares sont innombrables qui suggèrent une comparaison avec les décennies passées. Pourquoi, malgré le fait qu’il n’ait jamais remporté une Coupe d’Afrique, le Gabon a, depuis les indépendances, produit des footballeurs racés et capés dont plusieurs après Ossey Monday ont fait les beaux jours de clubs étrangers ? Parce qu’il organisait la politique sportive avec des clubs amateurs et en instaurant le semi- professionnalisme dont on sait qu’est-ce qu’ils ont apporté à la pratique du Football. Dans les époques révolues, des championnats étaient organisés entre établissements scolaires, secondaires et supérieurs et les catégories respectant les critères d’âge et de précocité étaient composées de pupilles, poussins, minimes, cadets, juniors et séniors. Ce qui permettait une évolution objective basée sur les performances réelles du pratiquant, un peu comme au karaté où l’on observe une évolution des grades en fonction des aptitudes et des compétences des uns et des autres. Autre fait marquant, l’État avait réussi à nouer un contrat avec des sociétés (ELF-GABON, SHELL, OPRAG, SOGARA, OCTRA, COMILOG et autres) pour qu’elles l’accompagnent dans l’encadrement des jeunes sportifs gabonais au nom de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). Personne ne peut nier les bienfaits de ces époques qui ont souvent fourni à l’équipe nationale des cuvées mémorables. Si ces expériences se sont avérées concluantes, pourquoi ne servent-elles pas aujourd’hui s’il est véritablement dans l’intention des dirigeants de redorer le blason terni d’une activité sportive qui a toujours fédéré les Gabonais ?
Jérémie- Gustave Nzamba