Le départ ad- patres de Prince de Capistran, plus connu sous son nom d’artiste « Oncle Didine », plonge les cinéphiles en particulier, les amoureux des arts en général, dans un désarroi indescriptible, surtout lorsqu’ils se demandent comment concevoir qu’au Gabon généralement, les artistes soient traités comme la cinquième roue du carrosse.
Les exemples sont légion qui démontrent qu’ils sont, presque tous, logés à la même enseigne. C’est comme dire qu’ils ont du mal à vivre de leur art et que l’État truffé de budgétivores ne leur accorde que très peu d’espace sur l’échiquier, ne s’interrogeant pas assez sur ce que, par exemple, apportent Nollywood ou Hollywood, respectivement au Nigéria et aux États- Unis. Faut-il encore que l’on revienne à des observations basiques pour faire comprendre à ceux qui en ont la compétence et la décision, qu’en investissant sur l’art et le vulgarisant du mieux qu’ils peuvent, il y a forcément retour d’investissements ? Mais, faut-il encore qu’ils comprennent pour l’admettre que l’homme étant le capital le plus précieux, il faut commencer par investir sur lui avant que de penser engranger des bénéfices, car sans lui et son implication, point de réussite, surtout dans un contexte de mondialisation et de globalisation qui exige de chacun qu’il soit compétitif pour mieux se vendre.
Plus qu’un plaidoyer !
« Oncle Didine » est venu grossir la liste interminable d’artistes dont la notoriété n’a été dans les faits reconnue que le temps d’une scène. Ceux-là à qui l’on ne reconnaît en vérité ou hypocritement les mérites qu’une fois rappelé à Dieu, alors qu’il aurait été question pour le pays de s’interroger sur leur vécu, leur condition de vie et de travail, leur conception de la société, bref tout ce qui est susceptible d’interpeller jusqu’aux pouvoirs publics, au lieu de ne souvent se contenter que de verser des larmes de crocodile ou jouer les médecins après la mort. Deckombel, Daniel Odimbossoukou, Edingo, Pierre- Claver Moundjiegou, Germain Mendome, Dominique Dyata Ndouma, Manitou Mavoungou et bien d’autres, sont morts dans l’anonymat, sans qu’il ne vienne à l’esprit de personne d’être interpellé sur leur sort, dire que le rôle social de l’artiste était, en son temps, reconnu par feu le maréchal Mobutu Sese Séko qui avait accordé à lartiste dans son pays, un statut que lui enviait d’autres. La mort de Prince de Capistran qui sera suivie d’autres, celle- ci étant qualifiée de « triste sort de l’Humanité », plutôt que de nous confiner qu’à des hommages post- mortem, devrait nous faire réfléchir sur ce qui doit être réservé à tous nos professionnels de l’art qui ont ici aussi, comme partout ailleurs, voie au chapitre. Pourvu que nous changions de mentalité !
Jérémie- Gustave Nzamba