Le paysage politique gabonais semble traverser une période de transformation inédite à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Pour la première fois, cette élection se déroulera sans la participation des partis politiques traditionnels. Les candidats en lice ont choisi de se présenter en tant qu’indépendants, marquant une rupture significative avec le modèle partisan qui a longtemps dominé la scène politique nationale.
Cette évolution s’accompagne d’un phénomène nouveau : les créations des associations ou plateformes associatives. Ces structures, souvent présentées comme apolitiques, semblent redéfinir les règles du jeu politique au Gabon. Mais cette tendance relève-t-elle d’un simple effet de mode ou d’une mutation profonde et durable ?
Plateformes : effet de mode ou révolution politique ?
Le Gabon est un pays où les slogans et les tendances émergent rapidement, mais leur pérennité reste souvent incertaine. La multiplication des plateformes associatives pourrait donc n’être qu’un phénomène passager, alimenté par l’effervescence électorale. On s’interroge d’ailleurs sur la compréhension réelle qu’ont les adhérents de ces plateformes quant à leur vision et à leur mission. Beaucoup rejoignent ces structures par opportunisme ou par défaut, sans nécessairement en saisir les enjeux profonds.
Cependant, une chose est certaine : consciemment ou non, l’émergence de ces plateformes contribue à une réelle mutation du paysage politique gabonais. Elles imposent une nouvelle lecture des événements et redessinent les contours de l’engagement citoyen. Contrairement aux partis politiques, dont le champ d’action est souvent limité à la conquête du pouvoir, les plateformes associatives s’investissent dans divers domaines de la société, allant de l’éducation à la santé, en passant par le développement économique et la protection de l’environnement.
Une main invisible au service du Gabon ?
Bien que ces plateformes se présentent comme apolitiques, leurs actions démontrent souvent le contraire. Notre souhait est que cette dynamique associative impacte positivement la société par le biais de la théorie de la main invisible d’Adam Smith selon laquelle les actions individuelles, guidées par l’intérêt personnel, peuvent contribuer à l’intérêt général. De la même manière, les initiatives portées par ces plateformes pourraient, à terme, bénéficier à l’ensemble de la société gabonaise.
L’enjeu est de taille : si ces plateformes parviennent à s’inscrire dans la durée et à toucher des aspects essentiels de la vie des Gabonais, elles pourraient jouer un rôle clé dans le développement du pays. Leur succès dépendra de leur capacité à transcender les clivages traditionnels et à proposer des solutions concrètes aux défis auxquels le Gabon est confronté et non à se contenter d’être de regroupements d’animations politiques avec pour objectif des nominations à des postes juteux après les élections.
Dans un contexte où les attentes sont immenses et les défis multiples, l’espoir est que cette mutation politique aboutisse à un renouveau démocratique et socio-économique.
Luc ANDANG ALLAME